"Ma traque des maux..."

                                                                                         ...avec mes mots pour matraque.

      C’est peut-être mon dernier recueil de poésie. Les muses et les fées, prénommées révolte, rébellion, tendresse, souffrance, amitié, provocation, beauté… m’ont encore accompagné, la plupart du temps les nuits, comme si elles désiraient cacher leur visage afin de garder le plus longtemps possible leur influence littéraire ainsi que le pouvoir de distiller leurs conseils apaisants ou provocateurs.

        Une question pourtant se pose : continueront-elles à le faire ? J’aimerais, mais cela signifierait aussi que mon âme ne serait pas arrivée à acquérir une certaine profondeur dans la sérénité, plongeant toujours dans les eaux tumultueuses et sombres de la vie quotidienne pour remonter à la surface des eaux calmes et lumineuses telles celles des lacs de montagne dans lesquelles chaque reflet est une partie de la vie qui a façonné ce que vous êtes devenu…

        En tout cas, certaines de leurs interventions – que j’attribuerais plus volontiers aux fées (apaisantes) plutôt qu’aux muses (troublantes) - ont permis de mettre en évidence un peu plus précisément mes peurs, mes doutes, mes manques, mes maux et de m’interroger sur la suite à donner à ma vie.

        J’ai pu alors «valider et labelliser» le chemin à prendre par une citation célèbre de Voltaire : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé ». Je qualifierais donc leurs interventions de thérapeutiques. Ces muses et ces fées « médecins malgré elles », s’en sont allées » laissant alors la place à d’autres plus connectées sur le monde qui m’entoure.

        Sous l’effet de piqûres nocturnes au sérum musical, ces muses révélatrices des maux de l’humanité m’incitent à prendre la plume. J’essaie alors de dénoncer certaines intolérances découlant de la barbarie et de la volonté de quelques-uns à dominer ce monde sous couvert d’idéologies politiques, religieuses ou financières… Ceux-là désirent « l’aseptiser » au nom du politiquement correct (dans tous les domaines, jusqu’à mettre en péril la liberté d’expression), de la conquête de l’univers et de bien d’autres choses encore, laissant alors sur le carreau des foules d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant des conditions de vie insupportables.

        Combien de fois, j’ai ressenti ce besoin de libérer ma colère à travers les mots ! L’écriture, quelle belle thérapie ! Elle m’apaise et me permet de prendre du recul sur le comportement de mes congénères – et sur le mien, évidemment - afin de pouvoir discuter sereinement des nombreux problèmes aliénants de la société actuelle, et ce, avec des personnes d’horizons différents.

        Quelles belles et multiples rencontres ont ainsi jalonné les routes empruntées au cours de ces dernières années ! Si, toutefois, des personnes ont pu avoir le sentiment de se reconnaître dans mes écrits, il est évident que ce ne serait que pure coïncidence.

        Je remercie celles et ceux qui m’ont soutenu par leurs encouragements et leurs conseils éclairés, Sébastien, photographe de talent, pour le crédit de cinq photographies illustrant le poème « Pour toi, l’étranger… » ainsi que ma fille Marie pour des petites suggestions en anglais.

                                                                                                               Pierre, dit Papy – Ion