Alors je marche...

        Pourquoi ce titre ? Il m’est venu tout naturellement à l’esprit après l’année 2020, difficile pour l’ensemble des citoyens du monde. Pendant cet exercice, j’ai marché près de 1500 kilomètres, soit autour de mon domicile, soit sur des distances plus longues en fonction des prescriptions et autorisations liées à la crise sanitaire. La deuxième raison de ce titre est contenue dans l’expression « marche ou crève » qui termine un de mes poèmes.

        Cette année, durant laquelle les libertés individuelles ont été malmenées pour préserver l’intérêt collectif, a peut-être permis, pour certains d’entre nous, de faire un retour sur « soi-même », de faire le tri entre « le superficiel » et le « nécessaire », ceci afin de se recentrer sur « l’essentiel ». Superficiel, nécessaire, essentiel : voilà trois mots dont il serait judicieux de donner une définition simple et rigoureuse. Mais je vous laisse le soin d’aller consulter les dictionnaires – traditionnels et en ligne - pour en prendre connaissance.

        Pour ma part, parallèlement au défi sportif que je me suis imposé, mes muses en ont profité pour lancer les leurs, au gré des différents événements, heureux ou malheureux, personnels ou non. Cela dans plusieurs domaines qui leurs sont chers autant qu’à moi et que vous découvrirez dans les poèmes de ce recueil. En accord avec elles, j’ai volontairement évité d’être emporté par le tourbillon des commentaires et analyses de ceux que je nomme les « journaleux ». Comme en témoigne ce petit quatrain écrit début mai 2020 :

« Et le français, on le sait, a les mots critiques.
Des « faut qu’on » sont ouïs depuis Êve et Adam
Dans les chaumières et les arrière-boutiques !
Mais toi, qu’aurais-tu fait si t’étais président ? »  

        Ce qui va dans le sens de la fameuse citation de Théodore Roosevelt (Président des USA de 1901 à 1909) : « Le seul homme à ne jamais faire d’erreur est celui qui ne fait jamais rien ».

        Une muse a joué un grand rôle comme inspiratrice de mes écrits : c’est Euterpe. Combien de musiques, classiques ou populaires, avec ou sans paroles, ont généré en moi des émotions si fortes lorsqu’un un événement apparaissait sur la scène que j’ai laissé mes mots suivre le rythme des notes et des harmonies. La musique est pour moi une soupape :

“Une soupape vient de s’ouvrir…
C’est un bien pour un mâle
Qui ne demande qu’à rire
Tant bien que mal,
Et écrire bien sur mal,
Comme aimer sur haïr.
Abondance de bien ne fait pas mal !”

        Alors, j’ai écrit et j’écris encore me laissant guider par les sonorités qui m’emmènent loin dans le pays des rêves :

« J’écris ; certains disent que je manipule les mots !
Il est vrai que j’affectionne les sons jumeaux,
Ceux que l’on nomme les homophones
Et que, sur du papier blanc, je griffonne.

Et je rêve ; le jour aussi bien que la nuit !
Je m’évade ainsi pour éviter l’ennui
Et me vider la tête pour mieux la remplir
D’images et de sons qu’il me reste à polir… »

        Et en fonction des thèmes abordés, les mots sont plus ou moins rugueux, tendres, romantiques, rebelles, sombres, colorés, pessimistes, optimistes, réfléchis, spontanés, légers … mais toujours respectueux de la vie !

        Depuis 2018 et avant la pandémie 2020, je me suis aussi enrichi au cours de quelques voyages aux USA, à Hong Kong, aux Philippines, au Canada, en Belgique et dans certaines régions de France. Et toujours plus de rencontres avec de belles âmes, artistes dans différents domaines ou simples quidams.

        J’ai été spécialement marqué par mes deux séjours à Manila, capitale des Philippines. C’est une mégapole surpeuplée où se côtoient l’extrême misère et le luxe, le bruit et la pollution, les couleurs du linge pendu sur des cintres, l’atmosphère chaude et humide, les sourires et les pleurs… tant de contrastes troublants.

        J’ai aussi regroupé dans ce recueil quelques poésies, écrites là-bas. Elles témoignent de mon attachement à cette ville, à ses enfants des bidonvilles dont les visages expriment tour à tour, en quelques secondes, joie et tristesse, concentration ou évasion onirique.

« Attentifs aux consignes ou partis dans leurs rêves,
Leur regard en dit long dans ces instants de trêve.
La laideur de leurs murs brouille leur horizon,
Ils voudraient tant s’enfuir de leur triste prison,
De ces bidonvilles aux effluves rebutants,
De ces tôles ondulées servant d’arcs-boutants.
Sous un soleil de plomb qui chauffe le bitume,
Ils chantent, ils courent, laissant leur amertume
Se perdre doucement dans des jeux passionnels,
Ils crient et ils sautent pour atteindre le ciel. »

        Je remercie toutes les personnes qui m’ont accompagné durant ces trois dernières années et qui m’ont permis de devenir et d’être ce que je suis actuellement. Je vous souhaite une belle lecture !

                                                                                                          Pierre, dit Papy-Ion